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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

dormant, aux mains si douces, tirait l’aiguille en silence, attendant le moment d’oser, et de vivre. Aussi hardie que possible pour imaginer ou désirer, mais organisant toutes choses, son choix fixé, avec un bon sens héroïque. Bel obstacle que l’ignorance, lorsqu’un sang généreux, à chaque battement du cœur, inspire de tout sacrifier à ce qu’on ne connaît pas ! La vieille Malorthy, née laide et riche, n’avait jamais espéré pour elle-même d’autre aventure qu’un mariage convenable, qui n’est affaire que de notaire, vertueuse par état, mais elle n’en gardait pas moins le sentiment très vif de l’équilibre instable de toute vie féminine, comme d’un édifice compliqué, que le moindre déplacement peut rompre.

— Papa, disait-elle au brasseur, il faut de la religion pour notre fille…

Elle eût été bien embarrassée d’en dire plus, sinon qu’elle le sentait bien. Mais Malorthy ne se laissait pas convaincre :

— Qu’a-t-elle besoin d’un curé, pour apprendre en confesse tout ce qu’elle ne doit pas savoir ? Les prêtres faussent la conscience des enfants, c’est connu.

Pour cette raison, il avait défendu qu’elle suivît le cours du catéchisme, et même « qu’elle fréquentât l’un quelconque de ces bondieu-