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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

reste-t-il ? Cette espérance seule. Retire-la-moi. Prends-la ! Si je le pouvais, sans te haïr, je t’abandonnerais mon salut, je me damnerais pour ces âmes que tu m’as confiées par dérision, moi, misérable !

Et il défiait ainsi l’abîme, il l’appelait d’un vœu solennel, avec un cœur pur…



III


Le vicaire de Campagne prit la route de Beaulaincourt et descendit vers Étaples à travers la plaine.

— C’est une promenade, trois lieues au plus, avait dit M. Menou-Segrais, en souriant. Allez à pied, puisque c’est votre plaisir.

Il n’ignorait pas le goût naïf du pauvre prêtre pour les voyages en chemin de fer. Mais cette fois l’abbé Donissan ne rougit pas comme à l’ordinaire… Même il sourit, non sans malice.

Le doyen de Campagne l’envoyait à son confrère d’Étaples, à qui les derniers exercices d’une retraite donnaient beaucoup de souci. Les deux rédemptoristes qui, depuis plus d’une