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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

Il s’interrompit tout à coup. Les deux vieux prêtres se regardèrent en silence. On entendit sur la route un pas égal et pesant.

— Excusez-moi, fit enfin le curé de Campagne, avec un visible embarras. Je dois savoir si mon confrère d’Heudeline a terminé les confessions, et si tout est prêt pour la cérémonie de cette nuit… Voulez-vous seulement me prêter votre bras ? Nous allons traverser la salle et j’irai vous mettre en voiture.

Il appuya sur un timbre, et sa gouvernante parut.

— Priez M. Donissan de venir prendre congé de M. l’abbé Demange, dit-il sèchement.

— Monsieur l’abbé — bégaya-t-elle — je pense… Je pense que M. l’abbé ne peut guère… au moins pour l’instant…

— Ne peut guère ?

— C’est-à-dire… les couvreurs… Enfin, les couvreurs parlaient de laisser l’ouvrage en plan…, de revenir après les fêtes du nouvel an.

— Notre clocher a besoin de réparations, en effet, expliqua le doyen de Campagne. La charpente a failli céder, aux pluies d’automne ; j’ai dû faire appel à l’entrepreneur de Maurevert et embaucher sur place des ouvriers sans expérience, pour un travail, en somme, dangereux. M. Donissan…