Page:Bernanos - Sous le soleil de Satan, tome 1, 1926.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.


PREMIÈRE PARTIE

LA TENTATION DU DÉSESPOIR


I


— Mon cher chanoine, mon vieil ami — conclut l’abbé Demange — que vous dire encore ? Il m’est difficile de tenir aujourd’hui vos scrupules pour légitimes, et néanmoins ce désaccord me pèse… Je dirais volontiers que votre finesse s’exerce ici sur des riens, si je ne connaissais assez votre prudence et votre fermeté… Mais c’est donner beaucoup d’importance à un jeune prêtre mal léché.

L’abbé Menou-Segrais ramena frileusement sur ses genoux la couverture, et tendit de loin ses mains vers l’âtre sans répondre. Puis il dit après un long silence, et non pas sans une malice secrète qui fit un instant briller ses yeux :

— De tous les embarras de l’âge, l’expérience