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fondu avec l’Église de Dieu. L’Église a la garde du pauvre, et le parti clérical n’a jamais été que le sournois intermédiaire du mauvais riche, l’agent plus ou moins conscient, mais indispensable, de toutes les simonies. Une fois de plus, ces gens-là vont se dire : « Que demande donc cet écrivain catholique ? Car il lui manque évidemment quelque chose puisqu’il est mécontent. Tâchons de le lui donner pour qu’il nous fiche la paix. » Il ne leur viendra jamais à l’idée, bien entendu, que j’ai honte d’eux. Ils se croient beaux, aimables, spirituels, pas fiers. Ça, c’est vrai, ils ne sont pas fiers ! Ils doivent croire que je les envie. Lorsque ces personnages défilent en public, ils ne se consoleraient pas de glisser sur une pelure d’orange, et de ramasser une pelle comme tout le monde. Mais ils ne se posent jamais, sans doute, la question familière à n’importe quel chrétien pourvu qu’il ne soit ni un imbécile ni un lâche : « Quelle opinion peut se faire du Christ et de sa doctrine l’homme de bonne volonté qui m’observe et me sait chrétien ? » J’ai honte d’eux, j’ai honte de moi, j’ai honte de notre impuissance, de la honteuse impuis-