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Franco une réponse aux massacres de Madrid ou de Barcelone, et ces massacres eux-mêmes, nul n’ignore qu’ils furent le fait d’organisations anarchistes où fourmillaient les agents provocateurs, rendues maîtresses de la rue grâce à la trahison simultanée de la police et de la troupe. On a prévu ces massacres, on les a prévus et voulus. Sans eux, la gigantesque campagne de presse qui a permis le coup de force mussolinien n’eût pas été possible et les Français eussent risqué de regarder trop tôt vers la Corse ou la Tunisie. Quelles que soient d’ailleurs les véritables origines encore obscures de la guerre civile, elle ne nous a rien appris sur les hommes de désordre que nous ne sachions depuis longtemps. Elle nous a, au contraire, prodigieusement éclairés sur la moralité des hommes d’ordre. S’il est vrai que six mille prêtres ont été hideusement exécutés chez les Rouges, on a tué le même nombre de paysans ou de bourgeois majorquins, absolument innocents de ces crimes. Et qui voyons-nous justifier ces représailles ? Les mêmes conciliateurs à tout prix, les mêmes entremetteurs à grimaces, qu’une virgule de trop dans un