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importe, puisqu’ils restent dans les Cours et les Chancelleries. » Erreur profonde ! Leur esprit anime cette immense et d’ailleurs indispensable administration à laquelle je ne pense pas qu’ait été conféré le privilège de l’infaillibilité politique. Ils croient pouvoir ruser avec les peuples comme jadis ils rusaient avec leurs confrères, ils prétendent utiliser les énormes machines à publicité que sont les journaux comme jadis ils manœuvraient les favoris et les favorites. Ils n’oublient qu’une chose, les malheureux ! C’est que, dans le milieu très spécial où ils travaillaient jadis, une canaillerie ingénieuse est accueillie par un murmure flatteur. La même canaillerie vue aujourd’hui dans le colossal télescope de l’opinion publique universelle met instantanément sur les lèvres d’une foule de braves gens un mot que les diplomates n’emploient jamais, et qui, suivi de l’adverbe « alors », exprime une sorte de stupéfaction peu flatteuse.

Je me soucie peu de scandaliser par de telles paroles. Pour ma part, j’ai fini de rire. Comme un grand nombre de braves gens à travers le