Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de droite ne pense nullement à renaître, elle veut durer, elle veut se survivre. Elle ne consentira jamais les sacrifices nécessaires à une renaissance. Elle ne songe pas à vaincre, elle n’acceptera jamais les écrasantes charges d’une victoire, tout son dessein ne va pas au delà que de se justifier. Ils se justifient. Ils se justifient entre eux. La trahison du maurrassisme est d’avoir laborieusement fourni à ces médiocres, pièce par pièce, un dossier facile à plaider, d’innombrables prétextes à révision, les moyens de droit d’une interminable procédure. La société moderne est à refaire. La société française est à refaire, et la trahison du maurrassisme a été de lui persuader qu’il n’en était rien, qu’elle pouvait parfaitement servir telle quelle, grâce à la Monarchie, bien entendu. Et ce disant, il trahissait aussi la Monarchie, ou du moins il trahissait l’image que les jeunes Français devraient se faire d’elle, de l’œuvre à entreprendre, à réaliser par elle, car l’œuvre de la Monarchie est précisément de refaire la société française, ou pour tout dire de notre espoir, de notre volonté, de notre détermination sans retour, de notre décision irrévocable,