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Je n’inscris pas ici par mégarde le nom de M. Clemenceau. La politique de M. Clemenceau, l’esprit de M. Clemenceau, le réalisme de M. Clemenceau ont jadis marqué profondément l’opinion française. Il en coûte d’avouer qu’un politicien dont l’histoire, s’il était mort quelques années plus tôt, n’eût pas même retenu le nom, ait pu barrer jadis la route à des hommes qui valaient mille fois mieux que lui. Qu’importe ! En creusant un peu, on trouve de plus vils que lui à la racine des événements majeurs ainsi qu’à celle de la plante morte le léger squelette d’un ver. Ceux qui prennent Doriot pour un mâle et pâlissent sur les reconstitutions historiques de normaliens exsangues, sont très loin d’imaginer le pouvoir dont dispose un homme qui non seulement ne craint pas la mort, mais dispose réellement de sa mort, joue sa vie, ne compte plus sa vie pour rien, la joue indifféremment contre un sourire de femme, une grimace d’homme, un bon mot, moins encore… C’est idiot, protesteront les sages. Évidemment, c’est idiot, mais telle est la loi de l’audace, qui n’est pas celle du bon