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d’être privés des sacrements. Des centaines d’autres ont souffert jusque sur leur lit d’agonie d’un doute plus terrible encore. Lorsqu’on a eu le malheur d’exiger, ou du moins d’accepter d’encourager de tels sacrifices, on ne brigue pas l’Académie, on n’invite pas les pauvres diables qui ont tout donné, tout risqué, même leur salut, à partager la joie d’une sorte d’apothéose scolaire, avec ses cousins de Martigues, sa concierge, ses vieilles maîtresses et sa cuisinière.

J’ai le droit de parler comme je fais. Ce n’est pas la pensée de M. Ch. Maurras qui m’a rallié à la Monarchie. Je n’ai jamais été républicain. J’ai cru, à seize ans, qu’il était l’homme du coup de force, qu’il descendrait dans la rue. Je l’ai cru parce qu’il me l’affirmait, qu’il ne cessait pas de l’affirmer. Je ne le tiens pas pour un lâche. Je dis qu’aucun politicien n’a exploité avec moins de vergogne l’image d’un risque qu’il était bien décidé à ne pas courir. Cela me suffit. Je distingue volontiers entre M. Maurras et M. Jaurès. Il n’en est pas moins vrai que leurs destinées politi-