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l’élite sociale du pays avec l’hypothèse d’une dictature de gauche. Il faut dire, il faut écrire que le régime républicain, en exploitant les haines et les terreurs des droites, a réussi ce coup de force, ce coup magistral de se dégager du parlementarisme, dont il était menacé de partager le destin. Je ne prétends nullement porter aux nues l’ancien Parti royaliste, celui qui en 1887 comptait tout de même, au Parlement français, tant de députés et de sénateurs auxquels la République faisait un peu plus tard les honneurs de la Haute-Cour. J’ai connu jadis — M. Maurras aussi, d’ailleurs — ces vieux royalistes. Les meilleurs d’entre eux se sont ralliés à l’Action française naissante, grâce à la mystique du coup de force. Le « par tous les moyens, même légaux » enflammait l’imagination de ces braves gens. Il n’y a pas eu de coup de force. Il n’y a que ce coup de force de trouver chaque année plusieurs millions pour l’entretien paradoxal d’un parti qui, sorti voilà plus de trente ans des marécages de l’union bien-pensante, réduit aujourd’hui aux proportions d’un mince filet limoneux, s’efforce de rentrer dans les eaux mortes.