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rale, il ne s’ensuit pas que cette idée doive être acceptée sans une juste méfiance. N’est-il pas énorme d’entendre M. Maurras parler au nom de la tradition française, alors qu’il reste volontairement étranger à la part la plus précieuse pour nous de notre héritage national, la tradition chrétienne française, la chrétienté française ? Nous sommes volontiers reconnaissants à un tel homme du respect avec lequel il parle de l’Église ou de la France, mais quand il prétend les servir, qu’il les serve à son rang, qui n’est pas le nôtre. Il ne saurait pas plus prétendre absorber dans son nationalisme le culte de la Patrie, que son maître Auguste Comte, dans sa religion positive, le culte de la sainte Vierge. À nos yeux la France maurrassienne est aussi creuse, aussi vide que son catholicisme sans Christ, son Ordre catholique sans la grâce. Ce n’est pas là le Pays que nous honorons, ce n’est pas la France de Chartres.

Les petits mufles de la nouvelle génération réaliste auront beau m’éclater de rire au nez. Je ne leur en veux pas, comme disait Péguy,