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rité. En nous rapprochant de lui nous perdrions infiniment plus de voix bourgeoises que nous ne gagnerions de voix prolétariennes. » — « Bref, vous agissez momentanément vis-à-vis de la classe ouvrière, ensemencée par le virus moscovite, comme les services d’hygiène à l’égard des populations contaminées. En attendant d’avoir réglé la question du Capitalisme, de la Production, de la Vie chère, décidé entre la formule de l’Autarchie et celle de la Liberté Douanière, de l’Étalon-Or ou de l’Étalon-Argent, assuré la Paix Universelle sans parler d’autres problèmes à peine moins importants, vous laisserez le peuple cuire dans son jus ? » — « C’est vous qui parlez un langage démagogique. On n’entreprend pas des réformes sociales avec des caisses vides. » — « Il fallait donc commencer lorsqu’elles étaient pleines. » — « Pardon. Nous ne demeurons pas inactifs. Nous redoublons de propagande. » — Oui. Lorsque le peuple pensera exactement comme vous, la question sociale sera bien près d’être résolue, et au moindre prix.

Même avec des penseurs comme M. Doriot, je doute que vous meniez à bien une Réforme intellectuelle du Prolétariat calquée sur celle que le vieux Renan proposait jadis à la France. Saint Dominique avait rêvé quelque chose de semblable pour la Chrétienté, une vaste restauration de la doctrine dont ses Frères Prêcheurs eussent été les ouvriers. À l’exemple des communistes d’aujourd’hui, les