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des bas de laine sont absolument impuissants à balancer l’influence d’un seul milliard rapidement mobilisable, et qui manœuvre les changes selon les principes de la guerre napoléonienne. « Qu’importe le nombre des régiments que l’ennemi vous oppose, pourvu que vous vous trouviez toujours le plus fort là où il est le plus faible ? » Et si les écus de cinq livres sont d’une mobilisation difficile, que dire des champs, des forêts ?

Il n’est donc pas absurde de prétendre que la richesse réelle d’une nation, si énorme qu’elle paraisse au regard du capital détenu par un petit nombre de particuliers, n’est nullement à l’abri des entreprises de ces derniers. Je crois partager sur ce point l’opinion de M. Ch. Maurras qui a étudié bien avant moi le mécanisme de la conquête juive. Pourquoi diable voudriez-vous que les ploutocrates français n’aient pas adopté les méthodes de gens auxquels ils ont marié leurs filles ? Jeunes réalistes, je sais que de telles considérations ne troublent nullement vos nuits innocentes. Que vous importent les champs, les vignes ? « Voilà le franc qui dégringole. Veine ! Le ministère va tomber. » Malheureusement le problème ne se pose pas exactement comme vous le pensez. Ce n’est pas pour le franc que j’ai peur, mes pauvres garçons, c’est pour vous. Le franc finira toujours par récupérer sa valeur, cette valeur correspondra tôt ou tard à la place que la France occupe dans le monde, au besoin que le monde a de mon pays. L’en-