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saient pas la légitimité de ce privilège, ils ne se reconnaissaient pas le droit à la liberté. Bien plus ! Par un renversement inouï des valeurs, ils mettaient leur orgueil à la mépriser. Ils faisaient leur — ils jetaient comme un défi à la civilisation dont ils étaient pourtant issus — le mot atroce, le mot sanglant de Lénine : « La liberté ? Pour quoi faire ?… » Pour quoi faire ? C’est-à-dire à quoi bon ? À quoi sert d’être libre ? Et, en effet, cela ne sert pas à grand’chose, ni la liberté ni l’honneur ne sauraient justifier les immenses sacrifices faits en leur nom, qu’importe ! On convainc aisément les naïfs que nous sommes attachés à la liberté par l’espèce d’orgueil qu’exprime le non serviam de l’Ange, et de pauvres prêtres vont répétant cette niaiserie qui plaît à leur sottise. Or, précisément, un fils de nos vieilles races laborieuses et fidèles sait que la dignité de l’homme est de servir. « Il n’y a pas de privilège, il n’y a que des services », telle