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de la Langue Française » ? À Berlin comme ailleurs, cette supériorité de notre langue — et aussi celle de nos arts, de nos mœurs — n’était plus discutée ; on en discutait seulement les raisons. Oh ! sans doute, quelque lecteur pensera ici que le paysan français se souciait peu alors du choix de l’Académie de Berlin, choix que d’ailleurs il ignorait. Mais il n’ignorait pas la place que la France occupait en Europe, et que cette place était la première. Du moins savait-il vaguement qu’il appartenait au peuple le plus civilisé du monde ; et ce peuple méritait, en effet, plus qu’aucun autre, le nom de civilisé, car la conscience de sa supériorité ne lui inspirait rien qui ressemblât au hideux nationalisme moderne, il était vraiment sans haine, il rêvait vraiment à la liberté et au bonheur du genre humain ; Jean-Jacques était réellement son prophète. On objectera que le peuple ne savait pas lire. Mais d’abord, le nombre des illettrés était beaucoup moins