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La mesure que vous me proposez d’approuver ouvrira une brèche énorme au flanc de la Cité Chrétienne. Toutes les libertés, une à une, s’en iront par là, car elles tiennent toutes les unes aux autres, elles sont liées les unes aux autres comme les grains du chapelet. Un jour viendra où il vous sera devenu impossible d’appeler le peuple à la guerre pour la défense de sa liberté contre l’envahisseur, car il n’aura plus de liberté, votre formule ne signifiera donc plus rien. L’envahisseur lui-même ne sera pas plus libre que l’envahi. Aujourd’hui les États se battent entre eux pour une province, une ville ; la guerre est le jeu des Princes comme la diplomatie celui des Ministres. C’est un mal, certes, un grand mal, mais d’une espèce, en somme, peu différente du jeu ou de la prostitution. Vous allez étendre ce mal à l’ensemble du corps social, ce sera comme si, non contents de tolérer le jeu ou la prostitution, vous faisiez du pays tout entier un colossal tripot ou un gigantesque