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fait de cette vieille Chrétienté une espèce de Tyrannie analogue à celle des Barbares d’Orient. Notre nation ainsi humiliée ne saurait plus être une Patrie. Oh ! sans doute, vous n’userez d’un moyen si extrême qu’en dernier ressort. Du moins vous le dites, et peut-être même vous le pensez. Mais l’État rival, tôt ou tard, fera la même chose que vous, et l’exception deviendra la règle, au consentement de tous, car je connais les hommes, moi qui suis une Patrie d’hommes. Ils trouvent la liberté belle, ils l’aiment, mais ils sont toujours prêts à lui préférer la servitude qu’ils méprisent, exactement comme ils trompent leur femme avec des gourgandines. Le vice de la servitude va aussi profond dans l’homme que celui de la luxure, et peut-être que les deux ne font qu’un. Peut-être sont-ils une expression différente et conjointe de ce principe de désespoir qui porte l’homme à se dégrader, à s’avilir, comme pour se venger de lui-même, se venger de son âme immortelle.