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ainsi une énorme consommation de consommateurs. Ils ne songent évidemment pas à nier les catastrophes, ils accordent qu’elles se multiplient, et à un rythme sans cesse accéléré ; mais, dès qu’on les pousse, ils répondent avec la même grimace douloureuse qui révèle, non pas, hélas ! le trouble de leur conscience ou le doute de leur esprit, mais la fatigue, la mélancolie, l’écœurement d’un cerveau si parfaitement bourré de notions contradictoires et de formules qu’on n’y trouverait pas la place d’une idée de plus, si modeste fût-elle : « Eh quoi, vous voulez revenir en arrière ? » Il est tout de même étrange qu’un chrétien ose parler ainsi du destin de la libre famille humaine. Sommes-nous des êtres conscients et libres, ou des pierres roulant sur une pente ? S’il est permis de parler ainsi d’une société humaine, pourquoi pas de chacun d’entre nous ? Lorsqu’on dit : revenir de ses erreurs, cette expression ne signifie nullement un retour en arrière. Mais on devrait évo-