Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rien n’est plus faux. Je ne désire nullement passer pour un de ces écrivains qui par zèle apologétique parlent toujours de l’ancienne chevalerie avec une excessive complaisance, mais enfin le dernier des imbéciles n’oserait tout de même prétendre qu’un chevalier du XIe ou du XIIe siècle se faisait de sa vocation militaire une idée aussi basse. Loin de se croire un simple outil dans la main de ses chefs, le chevalier s’engageait personnellement par des vœux si solennels qu’aucun ordre, ni même aucune nécessité n’aurait pu le contraindre d’y manquer. Il ne s’engageait pas seulement, remarquez-le bien, à s’abstenir d’actes réputés criminels, mais à en pratiquer librement d’autres que la stricte Morale n’aurait pu lui imposer, qui ne relevaient que de sa conception personnelle de l’Honneur, qui étaient une inspiration de l’Honneur, comme on dit de certains actes gratuits des Saints qu’ils sont une inspiration de l’Esprit. Lorsqu’un Chevalier de l’Hôpital ou du Temple jurait de