qu’une seule redoutable Machine. » En somme, tout se passe comme si l’homme était devenu tout à coup, en quelques décades, dans une formidable crise de croissance, un géant pesant quarante tonnes, capable d’abattre deux ou trois gratte-ciel d’un seul coup de poing, de bondir à dix mille mètres, et de courir aussi vite que le son. Certes, lorsque ce phénomène ne mesurait en moyenne qu’un mètre cinquante, et pesait soixante kilos, il était assez dangereux déjà pour qu’on ne lui permît pas de se promener sans sa conscience, mais aujourd’hui la précaution est plus indispensable encore. Étant donnée la dimension de l’animal, une seule conscience nous paraît même bien insuffisante — deux douzaines ne seraient pas trop.
Malheureusement, lorsqu’on raisonne ainsi, on a l’air, je le répète, de penser qu’à toutes les époques le soldat n’a jamais cru être autre chose qu’un instrument passif.