responsable, une machine à tuer. Je vous répondrais d’abord que, en eût-il toujours été ainsi, en effet, il n’en serait pas moins absolument nécessaire de procéder à un nouvel examen de la question. Car l’instrument irresponsable de jadis, avec ses deux bras, ses deux jambes, et quelques armes dont l’efficacité n’a guère varié pendant des millénaires — une arquebuse du XVIe siècle n’étant pas beaucoup plus meurtrière que l’arc numide ou persan, les guerres d’Italie, à la même époque, ont été, grâce à l’armure, parmi les moins sanglantes de l’histoire — voit maintenant chaque jour son pouvoir de destruction multiplié par d’autres mécaniques, encore plus irresponsables que lui. L’outil de jadis est devenu on ne sait quelle prodigieuse association de machines, parmi lesquelles on a parfois du mal à reconnaître la moins perfectionnée, la moins efficiente, celle qui est pourvue d’un cerveau. Hélas ! la grande pitié du Monde n’est pas de manquer de
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