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besoins de l’homme que sur ses vices, et, parmi ces vices, la cupidité n’est-elle pas le plus impitoyable ? L’argent tient plus étroitement à nous que notre propre chair. Combien donnent volontiers leur fils au Prince, et tirent honneur du trépas de leur enfant, qui refuseraient à l’État leur fortune tout entière, ou même une part de leur fortune. Je prédis que la multiplication des machines développera d’une manière presque inimaginable l’esprit de cupidité. De quoi cet esprit ne sera-t-il pas capable ? Pour nous parler d’une République pacifique composée de commerçants, il faut vraiment que vous vous croyiez le droit de vous payer nos têtes ! Si les boutiquiers d’aujourd’hui sont plus experts à manier l’aune que l’épée, c’est qu’ils n’ont point d’intérêt dans les guerres. Que leur importe une province de plus ou de moins dans le Royaume ? Lorsqu’ils trouveront devant eux des concurrents, vous les verrez contempler d’un œil sec les plus effroyables