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est presque impossible aujourd’hui de se faire idée de la prodigieuse disponibilité de ces esprits que rien ne surprend. Lorsque j’écris disponibilité, je ne prétends nullement faire allusion à M. Gide. M. Gide n’est pas un homme de l’ancienne France. La disponibilité de M. Gide est celle d’un homme formé par le moralisme le plus étroit, et qui finit par se trouver vis-à-vis de lui dans la situation paradoxale d’un athée qui injurie Dieu, prouvant par là qu’il n’a pas cessé d’y croire. Le moins qu’on puisse dire est qu’on voit sur M. Gide la marque douloureuse des chaînes qu’il a portées. Les gens dont je viens d’écrire avaient été élevés, sans doute, dans une société fortement hiérarchisée, mais dont le principal et l’unique Code était le Savoir-Vivre, c’est-à-dire beaucoup moins un Code qu’un Art, l’art de rendre à chacun ce qui lui est dû, et même un peu plus, avec toute la bonne grâce possible. Le Savoir-Vivre, disait la Marquise de Créquy, c’est don-