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me font l’honneur de leur amitié, que j’ai déjà écrit cela en 1926, l’année même de la publication de mon premier livre ? Ce n’est pas une idée venue sur le tard, pour les besoins de la cause, comme à tant d’autres écrivains désireux de faciliter la tâche de leurs biographes futurs. J’ai été injuste envers mes anciens camarades, je les imaginais capables de reconstruire, de restaurer, alors que la guerre ne leur avait appris qu’à détruire, et non pas à détruire au hasard, selon l’inspiration du moment, la révolte de la conscience, le cri des entrailles, mais posément, méthodiquement, patiemment, sans colère et selon le plan tracé. Si on leur avait demandé de se jeter au milieu de ce carnaval avec des grenades dans leurs poches, ils auraient peut-être fait tout sauter, c’est entendu, mais ils n’étaient rien moins qu’anarchistes, et, en se retrouvant côte à côte, coude à coude, ils auraient repris rapidement les vieilles habitudes, ils auraient été de nouveau une armée, avec