Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cyniques, avides de jouir, et qui mettaient le pays à l’encan, était plutôt jovial, sans colère et sans haine ; on aurait même cru volontiers qu’il ne leur déplaisait pas de voir l’Arrière, ce fameux « Arrière » dont le Bulletin des Armées leur avait si souvent vanté « le Moral » — l’Arrière tiendra ! — donner ainsi la mesure de sa profonde et secrète dégradation. Car un gouffre s’était creusé peu à peu, au cours de ces quatre années, entre l’Arrière et l’Avant, un gouffre que le temps ne devait pas combler, ou ne devait combler qu’en apparence. Oh ! c’est là une remarque que je serai peut-être le seul à faire ; personne ne m’en disputera le mérite, elle est trop simple, qu’importe ! Aux jours de Munich, qui rappelaient si cruellement les jours maudits de 1920 par une égale ignominie dans l’égoïsme et l’évasion — l’esprit de l’Avant et celui de l’Arrière demeuraient aussi inconciliables qu’autrefois, bien que la Politique eût depuis longtemps perverti le premier. Cette