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ment de littérature ! Ces champs, ces prés, ces vignes ne leur représentaient pas la France parce qu’ils ne pouvaient y faire revivre, comme nous, un passé qu’ils ne connaissaient pas. Les vieux paysages nous parlent à travers la vieille histoire. Pour eux, pour ces braves types qui regardaient à travers l’étroite fenêtre grillagée de leur wagon sans vitres, il n’y avait devant eux que de bonnes ou de mauvaises terres, des terres à blé ou des terres à vigne, qui seraient toujours de bonnes ou de mauvaises terres, quel qu’en fût le maître, allemand ou français. Pour qu’elles leur représentassent la France, il fallut des mois et des mois d’une patience et d’un héroïsme jamais égalés. Mais, quand ils eurent sauvé cette France-là, de la seule manière dont ils fussent capables, quand ils l’eurent reprise à l’ennemi, et furent rentrés tranquillement chez eux, comment aurait-on pu les persuader de la sauver de nouveau ? Ils n’avaient plus rien à reprendre, du moins plus rien