nitions du Manuel d’instruction civique, ou du moins, ils en avaient retenu l’essentiel, qui pourrait se résumer ainsi : « Le citoyen doit tout à sa Patrie, jusqu’à la dernière goutte de son sang, mais la Patrie ne lui doit rien. » Ils ne prenaient évidemment pas ces définitions au pied de la lettre, car, en ce cas, ils eussent été déjà mûrs pour n’importe quelle sorte de fascisme. La Patrie n’en était pas moins devenue pour eux cet Impératif auquel, pour le repos de l’esprit et du corps, il est préférable de penser le plus rarement possible. Y pensaient-ils beaucoup le jour de la mobilisation ? Je ne le crois pas. Non, je le ne crois pas. En prenant le train à la gare de l’Est, dans leurs wagons fleuris, voulez-vous que j’essaie de vous dire à quoi ils pensaient ? Eh bien, ils pensaient à Guillaume, au Kronprinz, aux hobereaux poméraniens à monocle, au militarisme prussien. Au militarisme prussien surtout, car ils reportaient sur lui, sur les hobereaux à monocle, leurs vieilles
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