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mot de Patrie évoquait instantanément la strophe fameuse : « Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie !… » Je le dis sans aucune exagération, pour un homme de cette époque, cependant si platement bourgeoise, la Patrie était d’abord et avant tout, non pas ce qui rend la vie plus facile et plus noble, mais cet Absolu pour quoi l’on meurt. À qui lui eût demandé, par exemple, quel est le symbole de la Patrie, un petit garçon de 1900 n’eût pas hésité une seconde à répondre : le Drapeau. Et, prononçant ce mot de drapeau, croyez bien qu’il n’eût pas pensé aux joyeux drapeaux des Quatorze Juillet, flambant sur l’azur, mais à un haillon déchiré, trempé du sang des braves. Rien ne pouvait symboliser la Patrie à ses yeux que ce symbole purement militaire. On l’aurait fait sourire en lui proposant une cathédrale, une route, un fleuve tranquille ou une vieille maison paternelle, avec son champ et son verger. Plus l’idée de Patrie prenait