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La noblesse militaire était bien soumise à cette exigence mais elle jouissait, en revanche, de privilèges particuliers — donnant donnant, son héroïsme était d’ailleurs moins fait de patriotisme que d’honneur. Oh ! sans doute, un Français d’autrefois tenait parfaitement qu’il est beau de donner à la Patrie ce témoignage que l’Église demande parfois à ses fils ; mais dans l’un ou l’autre cas, le martyre lui paraissait d’autant plus sublime qu’il était un acte exceptionnel et volontaire. Si au temps de Jeanne Hachette toutes les femmes avaient dû, comme elles y seront sans doute contraintes demain, accomplir leur service militaire, comment le nom de cette héroïne serait-il venu jusqu’à nous ? Lorsque l’État totalitaire exigera de n’importe qui, sous peine de mort, des risques dont l’acceptation volontaire eût jadis suffi à perpétuer le nom d’un homme, qui distinguera les braves des lâches ?

À un Français de 1914, au contraire, le