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espèce de confédération qui avait ses lois, qui défendait jalousement non seulement ses intérêts, mais son honneur, qui faisait elle-même sa justice, car les commissionnaires qui transportent des lettres ou des marchandises, les ramoneurs dont le métier est d’entrer ou de sortir librement par la cheminée, doivent, naturellement, rester au-dessus de tout soupçon. Un d’entre eux, convaincu de vol, fut jugé par ses pairs et pendu. Pour de tels hommes, et pour tous ceux qui leur ressemblaient, si misérables qu’ils fussent, la Patrie était ceci ou cela, mais c’était encore l’honneur de leur modeste profession. Ainsi, la Patrie garantissait à chaque Français tout ce qui les distinguait les uns des autres, les enrichissait ou les honorait, et elle ne demandait rien, du moins en apparence, car les impôts n’étaient pas prélevés en son nom, et il ne serait d’autre part venu à l’esprit de personne qu’elle pût exiger indistinctement de chaque Français mâle le sacrifice du sang.