du sujet proposé, qu’il l’avait épuisé honnêtement. Son intelligence rapide, d’ailleurs merveilleusement tournée vers l’observation intérieure, s’était assimilée non seulement le langage, mais l’esprit même de la vie spirituelle, et il témoignait déjà en ces matières, d’un tact exquis. Pareillement ses confessions eussent trompé le plus fin (il y eût fallu la foudroyante ellipse du jugement d’un curé d’Ars), car elles étaient également sincères, n’y omettant rien que ce refus pervers, diabolique, qui peu à peu le pétrifiait. Il ne célait même point celles de ses tribulations les plus voisines, les doutes sur la foi par exemple, ou ce signe plus troublant encore, plus mystérieux ; sa répugnance, son horreur invincible de la Passion de Notre-Seigneur, dont la pensée fut toujours si douloureuse à ses nerfs qu’il détournait involontairement le regard du crucifix… Mais un trait paraîtra plus incroyable encore. Après lui avoir imposé des mortifications assez rudes dont il n’omit jamais aucune, le Père Brou, son confesseur, lui ordonna de ne s’endormir jamais sans avoir repassé dans son esprit chacun des épisodes principaux du Sacrifice du Calvaire. Ce qu’il fit, et avec tant de peine que la sueur lui coulait parfois du visage, et que son voisin entendit certaines nuits, à travers la mince cloison de bois, son sourd gémissement.
Ainsi accomplissait-il ponctuellement chacun de ses devoirs, apportant à l’œuvre de sa perte une puissance de volonté inouïe. Fut-il vraiment, dès lors possédé ? Faut-il chercher dans son enfance la plus secrète une de ces fautes-mères dont la germination est si lente, mais tenace, capable de pourrir une race ? Qui le saura jamais ? Peut-être aussi une autre