part réservée des âmes, cette même passion qui l’avait jadis tant de fois agité alors qu’au dernier terme de ses admirables déductions il interrogeait en vain ses saints et ses saintes, aussi impuissant à les condamner qu’à les justifier, le bouleversait de nouveau. Mais cette fois la proie convoitée n’était pas hors de lui, hors de sa portée : il la voyait comme au fond de lui-même, elle le fascinait, ainsi qu’un reflet dans l’eau noire.
— Hé là ! Ouille là là ! Pouce… Pouce, que je vous dis ! Une supposition que j’ai menti : l’histoire du passe-boules tout de même, sans charre, voyons ! c’est une bonne histoire, une histoire crevante. Quand je n’ai rien à faire, aucune combine, je me la raconte à moi seul, elle me fait rigoler. Moi, je suis un pauvre homme, un homme innocent : j’ai pas de malice. Mon affaire (que je vous répète) c’est obéir. Vas-y, Framboise. Avec le riche, mon prince, faut être mou. Mais quoi, quand même, patron : soyez juste. Je ne peux pas m’ouvrir en deux pour vous faire plaisir ? Il se mit à geindre, avec les profonds soupirs et les hoquets d’un enfant. Et il tâtait aussi, d’une main prudente, le précieux papier sous sa chemise.
— Ne faites pas de grimaces, dit l’abbé Cénabre. Vous savez très bien ce que je vous demande : répondez aux questions que je vais poser, sans mentir. Et d’abord, pourquoi pleurez-vous ?
— C’est… c’est… dit enfin le vieux voyou en sanglotant… c’est… que je ne peux pas… ah ! nom de Dieu de nom de Dieu !… que je ne peux pas… ah ! sacrée bête que je suis !… que je ne peux plus…