Sur un signe de M. Guérou, et après un dernier coup d’œil complice, il sortit.
— C’est un masseur extraordinaire, confia M. Guérou, avec un sourire navrant. Je vous demande pardon, il est affreusement mal élevé, mais sincère… Il a servi onze ans dans la Légion…
Des deux mains il avait saisi l’angle du meuble, puis, toujours geignant, il fit glisser la tablette, prit une liasse et regagna lentement son fauteuil. Mais Pernichon ne crut pas pouvoir supporter plus longtemps le spectacle du monstrueux marmot à cheveux gris dont chaque pas hésitant était comme une parodie sacrilège de l’enfance : il se leva d’un mouvement convulsif :
— Je désirerais… Je n’ai probablement pas le droit d’accepter de vous… un service dont je ne crois pas être en mesure de tirer le profit que vous pensez — du moins pour l’instant, dit-il sans oser lever les yeux.
M. Guérou éclata de rire.
— Vous n’en tirerez aucun profit, je le sais bien, que diable ! cria-t-il. Nous ne nous comprenons pas : laissez-moi faire. J’ai toute ma tête, cela ne m’arrive pas tous les jours. Asseyez-vous ou restez debout, ça m’est égal. J’en ai d’ailleurs pour cinq minutes. M’écoutez-vous ?
— Oui, monsieur, dit Pernichon, vaincu. L’auteur d’Eurydice eut un véritable soupir de soulagement.
— J’aime votre franchise, fit-il. Vous êtes un bon, un excellent jeune homme de l’espèce la plus commune. Cela me rafraîchit de vous voir. Il y a là dedans