faire une retraite de quelques mois, dans votre Auvergne, au sein de votre aimable famille…
— Quelques mois ! s’écria Pernichon amèrement. Ma chère Auvergne ! Mon aimable famille ! Et que ferais-je dans quelques mois ? D’abord, je n’ai plus de famille. Où prendrais-je seulement les frais de voyage et de séjour ? Mon installation m’a coûté horriblement cher. Je dois neuf mille francs à M. Catani, c’est vrai ; mais j’ai encore signé pour près de onze mille francs de traites à « l’Usine générale du Meuble ». Mon départ du journal, la ruine de mon enquête suffisent à consommer ma perte. Je ne me relèverai pas ! Je ne puis me permettre d’avoir des dettes… Sans la considération, je ne suis rien…
Il prononça ces derniers mots avec une gravité farouche.
— Écoutez ! dit Mgr Espelette. Nous voici bientôt rendus. Nous allons nous séparer… Oh ! pour cinq ou six semaines à peine ! rectifia-t-il aussitôt naïvement. Enfin ! je vous donne un dernier conseil.
Il se recueillit, sourit.
— Je ne vois à présent qu’un homme dont la situation… très particulière… l’indépendance absolue à l’égard de ceux dont nous parlions tout à l’heure… un certain goût du paradoxe, du défi… son scepticisme même (très exagéré par la médisance, croyez-moi !), mon ancien condisciple à l’École normale, auquel vous venez de rendre visite, M. Guérou…
— Oh ! fit Pernichon.
— Oui… oui… je devine ce que vous n’osez pas dire. C’est un homme un peu… mystérieux… énigmatique… Nul n’a déploré plus que moi l’immoralité