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L’IMPOSTURE

sur le dos, et pour échapper aussitôt à la lumière intolérable il roula sur lui-même, en rugissant.

Il semblait que les forces ennemies qui se le disputaient ainsi qu’une proie cessassent dans le moment toute feinte, s’étreignissent à travers lui comme deux combattants qui se prennent à la gorge au-dessus d’un cadavre. Il en était à cet excès d’angoisse où tout lien se trouve relâché, lorsque le corps participe, dans son ignominieuse détresse, au désastre même de l’âme, quand il n’exprime plus la douleur par aucun signe abstrait, qu’il la sue par tous les pores. Spectacle abominable et magnifique à faire cabrer la pitié ! La tentation peut bien prendre tous les masques, et c’est l’illusion de beaucoup de naïfs qu’un Satan seulement logicien. Tel vieillard sournois l’imagine assez sous les traits d’un contradicteur académique, mais c’est que l’observateur s’arrête aux jeux et bagatelles. Parfois, bien que rarement, la noire cupidité de nuire l’emporte sur d’autres délices moins promptes et moins âpres. Alors le mal se dénonce lui-même, s’avoue tel quel, non pas un mode de vivre, mais un attentat contre la vie. Ainsi cette fureur de haine qui avait exercé jusqu’alors l’abbé Cénabre avec une si grande sagacité jaillissait enfin tout à fait hors du sanctuaire de la conscience. L’abandon du corps supplicié exprimait avec une effrayante vérité l’âme violentée, profanée. Car l’horreur fut à son comble lorsque ce corps robuste parut cesser d’opposer aucune résistance, subit la souffrance, la dévora comme on dévore la honte… Oui un instant, l’humiliation fut parfaite.

Il ne bougeait plus, étendu de son long, la tête au