très rouge. Il m’a semblé qu’elle boitait un peu. À la fin de la leçon, tandis que je récitais le Sub tuum, je l’ai vue se glisser derrière ses compagnes et l’amen n’était pas prononcé que j’entendais déjà sur les dalles le clic clac impatient de ses galoches.
L’église vide, j’ai trouvé sous la chaire le grand mouchoir bleu rayé de blanc, trop large pour la poche de son tablier, et qu’elle oublie souvent. Je me suis dit qu’elle n’oserait rentrer chez elle sans ce précieux objet, car Mme Dumouchel est connue pour tenir à son bien.
Elle est revenue, en effet. Elle a couru d’un trait jusqu’à son banc, sans bruit (elle avait retiré ses galoches). Elle boitait beaucoup plus fort qu’avant, mais lorsque je l’ai appelée, du fond de l’église, elle a de nouveau marché presque droit. — « Voilà ton mouchoir. Ne l’oublie plus ! » Elle était très pâle (je l’ai rarement vue ainsi, la moindre émotion la fait devenir écarlate). Elle m’a pris le mouchoir des mains, farouchement, sans un merci. Puis elle est restée immobile, sa jambe malade repliée. — « Va-t’en, » lui ai-je dit doucement. Elle a fait un pas vers la porte, puis elle est revenue droit sur moi, avec un admirable mouvement de ses petites épaules. — « Mlle Chantal m’a d’abord forcée (elle se levait sur la pointe des pieds, pour me regarder bien en face), et puis après… après… » — « Après, tu as parlé volontiers ? Que veux-tu, les filles sont bavardes. » — « Je ne suis pas bavarde, je suis