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D’UN CURÉ DE CAMPAGNE

la farce. » Bon ! Seulement lorsque le bougre a définitivement changé sa défroque contre une autre en bois de sapin, quand vous êtes sûrs, absolument sûrs, qu’il ne se mouchera plus dans ses doigts, qu’il ne crachera plus sur vos tapis, qu’est-ce que vous en faites, du bougre ? Allons donc ! Je me moque de passer pour un imbécile, je tiens le bon bout, le pape ne m’en ferait pas démordre. Et ce que je dis, mon garçon, vos saints l’ont fait, ça ne doit donc pas être si bête. À genoux devant le pauvre, l’infirme, le lépreux, voilà comme on les voit, vos saints. Drôle d’armée où les caporaux se contentent de donner en passant une petite tape d’amitié protectrice sur l’épaule de l’hôte royal aux pieds duquel se prosternent les maréchaux !

Il s’est tu, un peu gêné par mon silence. Certes, je n’ai pas beaucoup d’expérience mais je crois reconnaître du premier coup un certain accent, celui qui trahit une blessure profonde de l’âme. Peut-être d’autres que moi sauraient alors trouver le mot qu’il faut pour convaincre, apaiser ? J’ignore ces mots-là. Une douleur vraie qui sort de l’homme appartient d’abord à Dieu, il me semble. J’essaie de la recevoir humblement dans mon cœur, telle quelle, je m’efforce de l’y faire mienne, de l’aimer. Et je comprends tout le sens caché de l’expression devenue banale « communier avec », car il est vrai que cette douleur, je la communie.

Le chien était venu poser la tête sur ses genoux.