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D’UN CURÉ DE CAMPAGNE

sa longue échine parcourue d’étranges frissons, il grognait doucement, ainsi qu’à l’approche de l’ennemi.

— Je voudrais savoir d’abord ce que vous entendez par tenir debout ?

— Ça serait long. Admettons, pour être court, que la station verticale ne convienne qu’aux Puissants. Pour la prendre, un homme raisonnable attend qu’il ait la puissance, la puissance ou son signe, le pouvoir, l’argent. Moi, je n’ai pas attendu. En troisième, à l’occasion d’une retraite, le supérieur du collège de Montreuil nous a demandé de prendre une devise. Savez-vous celle que j’ai choisie ? « Faire face. » Face à quoi, je vous le demande, un gosse de treize ans !…

— Face à l’injustice, peut-être.

— L’injustice ? Oui et non. Je ne suis pas de ces types qui n’ont que le mot de justice à la bouche. D’abord, parole d’honneur, je ne l’exige pas pour moi. À qui diable voulez-vous que je la demande, puisque je ne crois pas en Dieu ? Souffrir l’injustice, c’est la condition de l’homme mortel. Tenez, depuis que mes confrères font courir le bruit que je n’ai aucune notion de l’asepsie, la clientèle a foutu le camp, je ne soigne plus qu’un tas de péquenots qui me paient d’une volaille ou d’un panier de pommes, et me prennent d’ailleurs pour un idiot. En un sens, par rapport aux richards, ces bougres-là sont des victimes. Hé bien, vous savez, l’abbé, je les fourre tous dans le même sac que leurs exploiteurs, ils ne valent guère mieux. En atten-