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LA VILLE AUX ILLUSIONS

le pauvre garçon. Comme en un rêve, il entendit la jeune fille achever :

— Oui, je suis fiancée… avec le vicomte des Aubrays… Je serai vicomtesse ! Mais qu’avez-vous ?

L’étudiant était trop faible pour supporter impunément pareille secousse. Sa tête s’affaissa sur son épaule, ses yeux se fermèrent et il perdit connaissance.


CHAPITRE VII


Lorsqu’il reprit ses sens, il vit Arlette, penchée sur lui, qui lui tapotait dans les mains, et le regardait avec inquiétude.

— Eh ! bien ! vous m’en avez fait une peur ! fit-elle lorsqu’il ouvrit les yeux. A-t-on idée de s’évanouir de la sorte ?

— Vous avez raison ! murmura-t-il, honteux de cet instant de faiblesse. Je suis ridicule.

— Mais non, vous n’êtes pas ridicule. Vous sortez de maladie, tout s’explique…

Elle alla à un petit meuble d’ébène qui était un meuble à liqueurs moderne, renversa le couvercle, saisit un verre et le remplit.

— Tenez ! dit-elle en revenant vers l’étudiant et en lui tendant. Prenez ça ! C’est du cognac. Cela vous donnera des forces.

Jean balbutia un remerciement, puis, portant le verre à ses lèvres, le vida d’un trait.

— Merci, murmura-t-il. Je vais mieux.

— Ah ! la bonne heure !

L’eau-de-vie brûlante faisait couler dans les veines du jeune homme une traînée de feu. Il se sentit capable d’affronter en face la terrible nouvelle, et d’y