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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Elle doit avoir au moins cent ans ?

— Je ne sais pas ; personne ne sait son âge, à vrai dire. Elle était encore de ce monde, lorsque j’ai quitté Gréoux, plus alerte, plus ingambe que jamais. Seulement, son nez rejoignait presque son menton !

Quelques jours après que Jean eût commencé ses sorties dans le parc, on lui annonça une visite.

Il était en train de causer avec Marcelle, il tressaillit brusquement et rougit de bonheur : sûrement, c’était Arlette ! Comme elle était bonne de s’être inquiétée de lui !

Il se tourna vers la porte, afin de voir plus tôt apparaître celle à laquelle il n’avait pas cessé de penser.

Mais une grosse déception l’attendait : il vit seulement surgir trois jeunes gens qui se dirigèrent vers lui d’un pas rapide. C’étaient Julien, Louis et Georges.

— Bonjour, mon vieux ! fit celui-ci en lui serrant la main. Comment vas-tu ? Te voilà ressuscité !

— Tu vois ! répondit Jean, avec un faible sourire.

Les garçons attirèrent des chaises, et entourèrent leur ami.

— Tout de même ! s’exclama Julien, on ne s’attendait pas à çà ! Alors, voilà combien de temps que tu es là ?

— Ma foi ! je n’en sais trop rien ! répondît-il distraitement. Je crois que je suis entré à l’hôpital à la fin de décembre…

— Oh । là ! là ! Et nous sommes à la mi-février ! Tu vas bien, toi ! Crois-tu sortir bientôt ?

— Je ne sais pas ; le docteur ne m’a encore rien dit. Je pensais justement m’en inquiéter, car je vais me trouver terriblement en retard.

— Évidemment, reprit Georges, mais, mon gros, faut pas t’en faire… Ça se rattrapera toujours.

— Je travaillerai cet été.

— Mais oui !

Il porta la main à sa poche d’imperméable et en tira deux oranges.