chez à vous faire pardonner ! Enfin ! Il le faut bien ! Vos fleurs sont ravissantes.
Elle enfouit dedans son petit nez rose et respira l’odeur poivrée avec délices. Jean pensa qu’il était bien récompensé de son sacrifice.
— Je vais les mettre dans l’eau moi-même ! continua-t-elle. Ou plutôt non. Je veux vous confesser, et savoir pourquoi vous êtes resté deux longues semaines sans faire parler de vous ! Méchant ! je vous ai cru malade, moi !
Elle sonna. Une femme de chambre apparut.
— Mariette, arrangez ces fleurs dans un vase, je vous prie. Vous le placerez ensuite ici.
La soubrette disparut, emportant le bouquet. Arlette se retourna vers son camarade.
— Alors, allez-vous me dire pourquoi vous êtes resté dans votre tanière, comme un ours ?
Il eut envie de crier :
— Mais, parce que je vous aime, Arlette ! Je vous aime comme un fou, comme un insensé, et que j’ai peur de l’avenir !
Il craignit de l’effaroucher. Et puis, l’endroit était mal choisi pour un aveu : son père ou su mère pouvaient entrer à tout instant et couper l’effet de sa déclaration. Il préféra la remettre à plus tard.
La jeune fille lui donna une petite chiquenaude sur les doigts.
— Allons ! J’attends.
— J’avais du travail, répondit-il, d’un air embarrassé. Et en tout cas, je n’ai pas dû vous manquer tant que cela : vous aviez d’autres amis pour vous tenir compagnie !
Elle éclata d’un rire frais.
— Je pense que vous voulez parler du vicomte des Aubrays ? Si, si… J’ai bien remarqué que vous le regardiez d’un œil féroce, lorsque nous étions à l’Opéra… Fi ! que c’est vilain ! D’ailleurs, si vous saviez ce qu’il m’intéresse peu, ce reliquat de l’aristocratie française !
Elle lui prit le bras et le secoua par jeu.