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l’entrée des États pontificaux. On refusa de viser mon passeport pour cette destination ; les pensionnaires de l’Académie étaient véhémentement soupçonnés d’avoir fomenté le mouvement insurrectionnel de la place Colonne , et l’on conçoit que le pape ne vit pas avec empressement s’accroître cette petite colonie de révolutionnaires. J’écrivis à notre directeur, M. Horace Vernet,qui, après d’énergiques réclamations, obtint enfin du cardinal Bernetti l’autorisation dont j’avais besoin.

Par une singularité remarquable, j’étais parti seul de Paris ; je m’étais trouvé seul Français dans la traversée de Marseille à Livourne ; je fus l’unique voyageur que le voiturin de Florence trouva disposé à s’acheminer vers Rome, et c’est dans cet isolement complet que j’y arrivai. Deux volumes de Mémoires sur l’impératrice Joséphine , que le hasard m’avait fait rencontrer chez un bouquiniste de Sienne , m’aidèrent à tuer le temps pendant que ma vieille berline cheminait paisiblement. Mon Phaéton ne savait pas un mot de français ; pour moi, je ne possédais de la langue italienne que des phrases comme celle-ci : « Famolto caldo. Piove. Quando lo pranzo ?» Il était difficile que notre conversation fût d’un grand intérêt. L’aspect du pays était assez peu pittoresque, et le manque absolu de confortable dans les bourgs ou villages où nous nous àrrê-