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EN ITALIE. o3

cepter notre argent , et ce fat à grand peine que nous parvînmes à les faire rester pour prendre leur part d’un déjeuner improvisé. Une pareille délicatesse est chose rare, surtout en Italie ; elle mérite d’être consignée.

Mes compagnons de voyage m’avaient confié, pendant la traversée, qu’ils accouraient pour prendre part au mouvement qui venait d’éclater contre le duc de Modène. Ils étaient animés du plus vif enthousiasme ; ils croyaient toucher déjà au jour de F affranchissement de leur patrie. Modène prise, la Toscane entière se soulèverait ; sans perdre de temps, on marcherait sur Rome ; la France d’ailleurs ne manquerait pas de les aider dans leur noble entreprise, etc., etc. Hélas ! avant d’arriver à Florence, deux d’entre eux furent arrêtés par la police du Grand-Duc et jetés dans un cachot, où ils croupissent peut-être encore ; pour les autres , j’ai appris plus tard qu’ils s’étaient distingués dans les rangs des patriotes de Modène et de Bologne , mais qu’attachés au brave et malheureux Menotti , ils avaient suivi toutes ses vicissitudes et partagé son sort. Telle fut la fin tragique de ces beaux rêves de liberté. Resté seul à Florence, après des adieux que je ne croyais pas devoir être éternels, je m’occupai de mon départ pour Rome. Le moment était fort inopportun , et ma qualité de Français , arrivant de Paris , me rendait encore plus difficile