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moins sur le bâtiment une irrésistible attraction. Un vent furieux du nord „ qui nous tomba des Alpes comme une avalanche, vint me tirer d’erreur. Le capitaine n’eut garde de manquer une si belle occasion pour réparer le temps perdu , et se couvrit de toile. Le vaisseau pris en flanc inclinait horriblement. Toutefois je fus bien vite accoutumé à cet aspect qui m’avait alarmé dans les premiers moments ; mais vers minuit, comme nous entrions dans le golfe de la Spezzia, la frénésie de cette tramontana devint telle , que les matelots eux-mêmes commencèrent à trembler en voyant l’obstination du capitaine à laisser toutes les voiles dehors. C’était une tempête véritable , dont je ferai la description en beau style académique... une autre fois. Cramponné à une barre de fer du tillac, j’admirais avec un sourd battement de cœur cet étrange spectacle, pendant que le commandant vénitien, dont j’ai parlé plus haut, examinait d’un œil sévère le capitaine occupé à tenir la barre , et laissait échapper de temps en temps de sinistres exclamations : « C’est de la folie ! disait-il... Quel entêtement !... » Cet imbécile va nous faire sombrer !... Un » temps pareil, et quinze voiles étendues ! » L’autre ne disait mot , et se contentait de rester au gouvernail, quand un effroyable coup de vent vint le renverser, et coucher presque entièrement le navire sur le flanc. Ce fut un instant ter-