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48 VOYAGE MUSICAL

compagnie, quatre matelots à face de bouledogue, dont la probité ne m’était rien moins que garantie. Je reculai. Pendant plusieurs jours il me fallut tuer le temps à parcourir les rochers voisins de Notre-Dame de la Garde, genre d’occupation pour lequel j’ai toujours eu un goût particulier.

Enfin j’entendis annoncer le prochain départ d’un brick Sarde qui se rendait à Livourne. Quelques jeunes gens de bonne mine , que je rencontrai à la Cannebière, m’apprirent qu’ils étaient passagers sur le bâtiment , et que nous y serions assez bien en nous concertant ensemble pour l’approvisionnement. Le capitaine ne voulait en aucune façon se charger du soin de notre table. En conséquence, il fallut y pourvoir. Nous prîmes des vivres pour une semaine, comptant en avoir de reste, la traversée de Marseille à Livourne, par un temps favorable , ne prenant guère plus de trois ou quatre jours. C’est une délicieuse chose qu’un premier voyage sur la Méditerranée , quand on est favorisé d’un beau temps, d’un navire passable, et qu’on n’a pas le mal de mer. Les deux premiers jours , je ne pouvais assez admirer la bonne étoile qui m’avait fait si bien tomber et m’exemptait complètement du malaise dont les autres voyageurs étaient cruellement tourmentés. Nos dîners sur le pont , par un soleil superbe , en vue des cotes