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luptueux, défiant la mort au milieu des progrès de la flamme et du fracas de l’écroulement du palais. Mais en songeant aux moyens que j’allais avoir à employer pour rendre sensibles, par l’orchestre seul les principaux traits d’un tableau de cette nature, je m’arrêtai. La section de musique de l’Académie eût condamné, sans aucun doute , toute ma partition , à la seule inspection de ce final instrumental ; d’ailleurs, rien ne pouvant être plus inintelligible, réduit à l’exécution du piano, il devenait au moins inutile de l’écrire. J’attendis donc. Quand ensuite le prix m’eut été accordé, sûr alors de ne pouvoir plus le perdre, et d’être en outre exécuté à grand orchestre, j’écrivis mon incendie. Ce morceau, à la répétition générale, produisit un tel effet, que plusieurs de MM. les Académiciens, pris au dépourvu, vinrent eux-mêmes m’en faire compliment, sans arrière pensée et sans rancune pour le piège où je venais de prendre leur religion musicale. La salle des séances publiques de l’Institut était pleine d’artistes et d’amateurs, curieux d’entendre cette cantate dont l’auteur avait alors déjà une fière réputation d’extravagance. La plupart en sortant, se récriaient sur l’étonnement que leur avait causé Y Incendie, et par le récit qu’ils firent de l’étrangeté de cet effet symphonique, la curiosité et l’attention des auditeurs du lendemain, qui n’avaient point assisté