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dien, huissier de l’Institut, en songeant à l’immense avantage qu’il y aurait d’envoyer l’Académie civiliser l’île de Java. Je ruminais déjà le plan d’un projet que je voulais adresser aux académiciens eux-mêmes, à l’effet de les prier de vouloir bien se donner la peine d’aller se promener un peu au cap de Bonne-Espérance, comme Pingard. Mais nous sommes si égoïstes, nous autres Occidentaux, notre amour de l’humanité est si faible, que ces pauvres Hottentots, ces malheureux Malais, qui n’ont pas d’académie, ne m’ont occupé sérieusement que deux ou trois heures ; le lendemain je n’y songeais plus. Deux ans après, j’obtins enfin le premier grand prix ; mon tour était venu. Dans l’intervalle, le pauvre Pingard était mort , et ce fut grand dommage, car s’il eût entendu mon Incendie de Sardanapale, je suis sûr qu’il m’aurait cette fois payé une tasse tout entière.

Ce fut en 1830 que ce bonheur m’arriva. Je terminais précisément ma cantate le 28 juillet : «... Lorsqu’un lourd soleil chauffait les grandes dalles » Des ponts et de nos quais déserts ; » Que les cloches hurlaient, que la grêle des balles » Sifflait et pleuvait par les airs ; » Que dans Paris entier, comme la mer qui monte, » Le peuple soulevé grondait ;

» Et qu’au lugubre accent des vieux canons de fonte » La Marseillaise répondait (4). » (1) 1 er ïambe d’Auguste Barbier.