Page:Berlioz - Voyage musical en Allemagne et en Italie, II, 1844.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

EN ITALIE. 19

du choléra-morbus. Lui ayant un jour, à propos de la Syrie, parlé de Volney, de ce bon monsieur le comte de Volney, si simple, qui avait toujours des bas de laine bleue, son estime pour moi s’accrut d’une manière remarquable ; mais son enthousiasme n’eut plus de bornes, quand j’en vins à lui demander s’il avait connu le célèbre voyageur Le vaillant.

« — M. Levaillant ! . . . M. Le vaillant, s’écria-, t-ilvivement, pardieu si je le connais. Tenez ! Un jour que je me promenais au cap de Bonne-Espérance, en sifflant, j’attendais une petite négresse qui m’avait donné rendez-vous sur la Grève^ parce que, entre nous, il y avait des raisons pour qu’elle ne vînt pas chez moi. Je vais vous dire,

— Bon, bon, nous parlions de Levaillant.

— Ah î oui. Eh bien ! un jour que je sifflais en me promenant au cap de Bonne-Espérance , un grand homme basané, qui avait une barbe de sapeur, se retourne vers moi ; il m’avait entendu siffler en français, c’est apparemment à ça qu’il me reconnut :

— Dis donc, gamin, qu’il me dit, tu es Français ?

— Pardi, si je suis Français, que je lui dis, je suis de Givet, département des Ardennes, pays deM.Méhul*.

— Ah ! tu es Français ?

Méhul est en effet de Givet , mais il n’était pas né à l’époque 

oùPingard prétend avoir parlé de lui à Levaillant.