Page:Berlioz - Voyage musical en Allemagne et en Italie, II, 1844.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

là VOYAGE MUSICAL

tous les compositeurs ? Celui qui sera habile, profond , ingénieux instrumentaliste , est rabaissé à la taille de l’ignorant qui n’a pas les premières notions de cette branche de l’art. Ce dernier peut avoir écrit des trombones au lieu de clarinettes , des ophicléides au lieu de bassons , avoir commis les plus énormes bévues , pendant que l’autre aura composé un magnifique orchestre , sans qu’il soit possible , avec une pareille exécution , d’apercevoir la différence qu’il y a entre eux. Le piano , pour les instrumentalistes , est donc une vraie guillotine destinée à abattre toutes les nobles têtes, et dont la plèbe seule n’a rien à redouter.

Quoi qu’il en soit, les scènes ainsi exécutées, on va au scrutin (je parle au présent, puisque rien n’est changé à cet égard). Le prix est donné. Vous croyez que c’est fini ? Erreur. Huit jours après, toutes les sections de l’Académie des beaux-arts se réunissent pour le grand jugement définitif. Les peintres, statuaires, architectes, graveurs en médailles et graveurs en taille-douce forment cette fois un imposant jury, dont les musiciens cependant ne sont pas exclus : les hommes de lettres et poètes seuls n’y figurent point. Pourquoi cela ?... je l’ignore. Il me semble, en tout cas, que le chantre à’Atala et des Martyrs , que l’auteur des Voix intérieures et des Chants du Crépuscule , celui des Harmonies religieuses